Coup de coeur de Maurice Esteve

« Sans titre » - Mars 2023

Né à Culan, où il vit chez ses grands-parents jusqu’à l’adolescence, Maurice Estève montre dès l’enfance un don certain pour l’expression plastique. Ces années au cœur du monde rural et de la nature s’accordent avec son tempérament recueilli et secret.
Lorsqu’il rejoint ses parents à Paris en 1918, son père s’oppose violemment à sa vocation et le met d’autorité en apprentissage. Est-ce cette furieuse hostilité qu’il ne cesse de braver ou son enfance berrichonne, ou bien encore les deux, qui ont façonné cette nature obstinée, rétive à tout égarement dans la facilité ? De fait, rien n’a pu l‘éloigner de cette voie, qu’il a empruntée avec ténacité.
Durant une vingtaine d’années, sa peinture s’achemine résolument vers cette abstraction flamboyante que nous lui connaissons.
Abstraction – Figuration, il en rit : « Figuratif », le suis-je ? Suis-je « abstrait » ? Vaines et futiles querelles de mots innocents. Je suis un franc-tireur. Je ne me suis jamais accommodé des appellations plus ou moins incontrôlées et des tiroirs dans lesquels on a voulu m’enfermer. Je ne me sens pas solidaire des groupes auxquels on m’a associé, par manque de lucidité à l’égard de mon travail. Quant à la fameuse « École de Paris », dont j’ai entendu parler…je ne l’ai jamais rencontrée. » (1974).

Timbre de Maurice Esteve

Lorsque le timbre est réellement émis, le nom de l'artiste est précédé d'une étoile (*). Il est certain que nous ne connaissons pas certains timbres parus pour tel ou tel artiste ; n’hésitez pas à nous les faire connaître !

Dédicace d'un carton d'exposition

Quelques mots de Guillaume D.P. ***

31 Janvier 2006

Je ne suis certainement pas le seul ! Maurice Estève est pour moi, sans aucun doute, l'un des plus grands coloristes du XX° siècle. La diversité de son oeuvre est encore – cela paraît incroyable ! - trop méconnue : huile bien sûr, mais aussi aquarelle, dessin, papier collé, monotype ou estampe, des assemblages de couleurs sous forme de puzzle d'une harmonie incomparable. Paysages, natures mortes, figure d'homme conversant avec lui-même dans le silence. Oeuvre après oeuvre, Estève n'a cessé de reprendre, sans jamais abandonner « le fil des choses » en cours de route. Il lui faut aller au terme du chemin qu'il s'est fixé, sans jamais fermer ni sa main ni son esprit aux mystères de sa propre création. Pas de répit ! La toile, il ne la lâchera pas ; il veut lui faire rendre sa vérité de forme, de couleur, de lumière ; ainsi pas de jour sans reprise, sans repentir ; il y a tant de virtualités chez Estève, virtualités qui ne seront que des pentes ébauchées, puis effacées ou corrigées. Il s'agit de suivre les méandres de la main. A proprement parler, une composition d'Estève est un chantier permanent, avec toutefois ces immenses plages d'oubli qui lavent et permettent un redépart. On peut dire qu'une oeuvre d'Estève est un espace multiple qui a connu autant de jours qu'il y a eu d'élans, et puis brusquement un rejet, un dernier oubli et beaucoup plus tard une redécouverte de cette toile. La couleur à bout de main, la lumière à bout de regard. J'espère que quelques uns d'entre vous ont pu admirer la magnifique exposition qui s'est tenue à la Galerie Claude Bernard (Paris), l'année dernière.

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