Avant 1953, l’oeuvre gravé de Zao Wou-KI nous offre une figuration mise à
distance, une figuration où s’invitent le soleil, la lune, les animaux,
un monde en apesanteur, esquissé en petits traits simples et graciles.
Mais la découverte de Paul Klee en 1951 vient tout chambouler : « De ces
petits signes tracés sur un fond aux multiples espaces surgissait un
monde qui m’éblouissait…Je traversais des moments de grande confusion ».
- Abandonner la description pour aller chercher le signe à sa
source - Zao Wou-Ki aborde ce défi au cours de l’année 1954, jusqu’à
l’abandon définitif d’éléments figuratifs en 1955. Cette transition est
marquée par le surgissement de petits signes qui bientôt se déploieront
en une gestuelle ample et mouvante dans des espaces imaginaires sans
limites.
Cette eau-forte, « Signes en mouvement », est
particulièrement représentative de cette période charnière. Elle fait
suite au premier séjour de l’artiste à New York, en 1957. Il y rencontre
Franz Kline, Hans Hoffman, Marca-Relli, Philipp Gottlieb, et l’énergie
si spontanée, farouche, de leurs œuvres le marque définitivement.
Les gravures au trait sur de légers fonds colorés s’effacent au profit
de cette toute première eau-forte puissante et flamboyante. Et,
abandonnant l’Atelier Leblanc, l’artiste en confie l’impression à un
jeune taille-doucier, Robert Dutrou, formé par Robert Lacourière. Dès
lors, la couleur, qu’il avait jusqu’alors réservée à la lithographie,
avec plus d’audace à partir de 1955, conquiert son œuvre gravé.
« Peindre,
peindre. Toujours peindre. Encore peindre. Le mieux possible, le vide
et le plein, le léger et le dense, le vivant et le souffle. »