« Il était toujours en mouvement tel un cyclone. Ses traits étaient
comme des projectiles lancés dans l’espace, et s’emmêlaient parfois
comme des câbles d’antenne dans une tempête de vent . . . pour moi, il
était comme une sculpture de fils électriques, un homme fait de nerfs ».
Telle est l’évocation de Stanley William Hayter dans le Journal d’Anaïs
Nin en 1943.
Installé à Paris en 1926, l’artiste ouvre
rapidement un atelier de gravure, lieu de rencontres, d’échanges, de
travail pour de nombreux artistes qui marqueront le XXème siècle. De
l’apprentissage de la gravure au burin auprès de Joseph Hecht et Jacques
Villon et la fréquentation des Surréalistes résulte une évolution
majeure dans son œuvre. La figuration cède le pas à un univers puissant
qui prend sa source dans l’inconscient. La ligne se déploie, se replie,
engage un combat dans une calligraphie expressive et mouvante.
Vers
la fin des années 30, ses œuvres peintes ou gravées traduisent les
tensions qui déchirent l’Europe, la tragédie de la guerre d’Espagne où
il fut invité en 1937 par le gouvernement républicain. En 1940 il
s’exile aux Etats-Unis, y remonte l’Atelier 17, accueillant les artistes
français émigrés, mais aussi la jeune génération newyorkaise :
Motherwell, Jackson Pollock, Rothko, De Kooning, Gorky et tant d’autres.
Les gravures d’Hayter réalisées à New-York nous impressionnent par leur
formidable énergie, elles disent aussi la barbarie qui déchire le
monde. On y devine tout le corps de l’artiste poussant le burin et la
gouge sur le cuivre. Les sillons s’affrontent, se repoussent, révèlent
l’espace et la lumière.
« Flight - The Principle of Flight » fut reproduite en couverture du
catalogue de l’exposition « Hayter and Studio 17 » au Museum of Modern
Art de New York en 1944. Cette magnifique gravure est particulièrement
emblématique de sa période newyorkaise.
Sur ce Maître
incontesté de la gravure du XXème siècle : voir le travail que nous
avions réalisé il y a déjà de nombreuses années pour l’ouverture de
notre rubrique « Cimaises ».