Qui autant qu'Alicia Penalba tutoya les étoiles ? La jeune femme,
énergique, curieuse de tout, indépendante, déterminée s'il en est,
n'a-t-elle pas toujours quitté ses repères pour voler vers son destin ?
Ce sera sa famille, en 1934 - elle a 16 ans -, pour rejoindre Buenos
Aires, la grande capitale argentine où elle fera ses études à l'Ecole
des Beaux-Arts ; ce sera son pays, en 1948, pour la France. « Je rêve
de venir à Paris, et un jour, je pars, laissant tout mon passé pictural
et autres dans mon pays natal. Commence la grande quête ! Je veux tout
voir, tout absorber. Je suis très sensible au désir de paix qui flotte
sur Paris, » écrira-t-elle.
Alicia Penalba obtient une petite
bourse d'étude. Elle s'inscrit à l'atelier libre de gravure de l'Ecole
des Beaux-Arts, parvient à louer, en 1950, un atelier à Montrouge tout
en travaillant à la Grande-Chaumière chez Zadkine. Alicia Penalba lui
sera toujours reconnaissante de lui avoir conseillé de s'isoler et de
travailler toute seule : « Vous êtes trop indépendante et vous n'avez plus besoin de mes conseils, » lui dit le grand sculpteur. La jeune artiste part donc à la découverte d'elle-même, c'est le but essentiel de sa recherche.
Elle peint, dessine, mais la sculpture s'impose à elle, comme une
évidence. Elle ne fait aucune concession aux idées qui dominent alors,
suivant sa voie intérieure, pas à pas, en respect d'une harmonie
tranquille. « L'originalité à tout prix n'a aucune place dans son œuvre.
Nous sommes en présence d'un classicisme de race, plus trouvé en soi
que conquis, plus reçu de soi qu'inventé, » écrit Michel Seuphor en
1960.
Il sera dit que l'art d'Alicia Penalba plane en adaptant son
vol à la dictée du vent. N'est-il pas sage d'être en harmonie avec les
courants montants et descendants de l'air et du cosmos ?
« Je fais
ma première exposition personnelle à la Galerie du Dragon à Paris en
1957, et Claude Bernard Haim qui la visite et qui vient d'ouvrir sa
galerie m'offre mon premier contrat. Nous commençons une collaboration
merveilleuse ».
Alicia Penalba, toute sa vie d'une exigence extrême,
a beaucoup détruit de son œuvre sculpté, peint et dessiné antérieur et
pendant les années 50. Cette grande gouache, datée 1958, subsiste par
ces entrelacs végétaux bien présents. Est-ce réminiscence des terres
désertiques de son enfance ?