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Notre coup de coeur

« Sans titre »

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Maurice Esteve

« Sans titre »

Coup de coeur Mars 2023

Né à Culan, où il vit chez ses grands-parents jusqu’à l’adolescence, Maurice Estève montre dès l’enfance un don certain pour l’expression plastique. Ces années au cœur du monde rural et de la nature s’accordent avec son tempérament recueilli et secret.
Lorsqu’il rejoint ses parents à Paris en 1918, son père s’oppose violemment à sa vocation et le met d’autorité en apprentissage. Est-ce cette furieuse hostilité qu’il ne cesse de braver ou son enfance berrichonne, ou bien encore les deux, qui ont façonné cette nature obstinée, rétive à tout égarement dans la facilité ? De fait, rien n’a pu l‘éloigner de cette voie, qu’il a empruntée avec ténacité.
Durant une vingtaine d’années, sa peinture s’achemine résolument vers cette abstraction flamboyante que nous lui connaissons.
Abstraction – Figuration, il en rit : « Figuratif », le suis-je ? Suis-je « abstrait » ? Vaines et futiles querelles de mots innocents. Je suis un franc-tireur. Je ne me suis jamais accommodé des appellations plus ou moins incontrôlées et des tiroirs dans lesquels on a voulu m’enfermer. Je ne me sens pas solidaire des groupes auxquels on m’a associé, par manque de lucidité à l’égard de mon travail. Quant à la fameuse « École de Paris », dont j’ai entendu parler…je ne l’ai jamais rencontrée. » (1974).

Chez Maurice Estève, chaque médium, -huile sur toile, aquarelle, dessin, collage-, ouvre un monde singulier, ultime témoignage de recherches incessantes pour traduire sa perception émotive et poétique du monde, dans ses frémissements, ses oscillations.
Les dessins au fusain et crayons de couleur n’y échappent pas. S’y déploient des opacités crépusculaires et veloutées, transpercées de trouées lumineuses aux couleurs tendres, des tensions se jouent dans un mélange de rigueur et de subtilité. Il s’agit de sentir « les espaces du dedans ». « La nature, j’y prête beaucoup d’attention, mais pas pour peindre. Je crois que ce qui a été décisif a été enregistré par moi il y a très longtemps » dit-il. Mais aussi :
« Ce qui m’anime, plus qu’une traduction plastique des apparences du monde visible, c’est le désir de voir apparaître sous ma main ouvrière, une relation avec ce que la prétendue réalité dissimule. Difficile entreprise. Comment donner forme et lumière à ce qui n’a pas été vu ?...Les aveugles et les peintres voient dans la nuit. »


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