Gravure originale, pointe-sèche, signée au crayon par l’artiste. Editions Galerie Maeght, Barcelone.
C'est le retour dans le pays basque, en 1951, qui permit à Eduardo Chillida de trouver la raison d'être de son travail. Dans ses racines, il trouvera définitivement la voie et la force qu'il souhaite donner à son œuvre artistique. Il recherche une communion, un équilibre entre ses œuvres et l' environnement qui l'entoure et dans lequel il vivra et travaillera désormais. Sa philosophie artistique sera profondément guidée par son intérêt pour la nature, la spiritualité et l'existence humaine. Chillida sera également profondément influencé par la philosophie basque, en particulier par la notion de « lurra » qui signifie la terre ou le sol en basque. Cette perception a inspiré de nombreuses œuvres de l'artiste qui semblent émerger de la terre elle-même. Sculpture, gravure, fer, terre, papier, Eduardo Chillida mène sa quête avec énergie, un combat contre la gravité, interrogeant la place de l’être dans un univers habité par des forces élémentaires. Ces éléments - la lumière, le feu, l’eau, l’air, le vide, le plein -, deviennent à travers sa création un véritable alphabet naturel dans lequel s’écrit notre existence, entre ciel et terre, toujours projeté dans les six directions (le nord, l'est, le sud, l'ouest, le zénith et la Terre-mère). Si l’artiste transforme la matière, ça n’est pas afin de lui échapper, mais afin d’en libérer un nouveau visage et une nouvelle sonorité, afin d'admettre son autonomie et de la laisser rêver.
A côté de ses sculptures de fer et de métal, de granit, de ses œuvres blanches (albâtre) ou de ses terres cuites, Eduardo Chillida réalisera un grand nombre d'estampes et de gravures qui échappent au jeu de l’idéalisme pur et géométrique de l’abstraction formelle ; le parcours de la lumière, la question du vide et, surtout, la gravitation comme force fondamentale, seront les axes permanents de cette magnifique récolte, une poésie forte, universelle et reconnaissable, la sienne.
L'artiste « sait » que non seulement les matériaux mais aussi les morsures du cuivre dans l'âme du papier ont leur propre vie et leur propre histoire, et qu'ils allaient, à travers ses mains, communiquer des pensées et des émotions de manière puissante et directe, « dire » des idées profondes sur l'existence humaine et les mystères de la vie. En utilisant quasiment toujours le noir et blanc dans son œuvre graphique, Eduardo Chillida crée une expression intemporelle qui transcende « la couleur » et qui invite celui qui regarde à réfléchir sur les concepts de l'espace, de la forme et de la texture.