Background Image

Notre coup de coeur

Retour de Chine

Image Image Image Image

Image

Ladislas Kijno

Retour de Chine

Coup de coeur Décembre 2024

Premier prix de violon du Conservatoire de Varsovie, englouti, ballotté dans les déchaînements du XXème siècle, son père, devenu un temps mineur au Canada puis dans le nord de la France, conseillait à son petit garçon de rechercher une lumière autre que celle du réel qu’il vivait. « Le monde que nous voyons n’est pas le réel, lui disait-il. Il n’a que l’apparence de la réalité. », prenant pour exemple l’iceberg, dont la réalité qui échappe à la vision se situe sous la surface de l’eau.
Passé par le séminaire, puis des études de philosophie, toute l’œuvre de Ladislas Kijno tend vers la quête des sources du sacré.
En 1983, l’artiste et son épouse accompagnent leur ami Chu Teh-Chun en Chine. Du Sud aux frontières de la Mongolie, ce périple de deux mois opère un grand bouleversement intérieur chez l’artiste. Dans son atelier il crée alors le cycle « Retour de Chine » (1983-1984), une sorte de catalyse des impressions, des notations prises et des esquisses hâtives faites in situ. 
Alors, je ne résiste pas au plaisir de m’effacer, et de partager les propos de l’artiste : 

« La grande révélation de la peinture n’est-elle pas la révélation de ces lieux que l’on ne chercherait pas si on ne les avait déjà trouvés ? Il faut être là où l’on doit être. Il faut voyager pour tenter d’aller plus loin. La vie, déjà, est un voyage et ce voyage est un grand point d’interrogation, car toute certitude, a priori, est suspecte. 
Il y a des peintres qui ne sortent pas de l’atelier, mais ils voyagent quand même par une certaine déambulation intérieure. Moi, je sors, je dois sortir. Je suis le fils d’un immigré polonais qui n’a cessé de bouger et de me raconter des histoires de voyages. Je sens profondément dans ma peinture que je suis un migrant. 

Je ne voyage pas seulement pour voir des œuvres, des hommes, des paysages ; je voyage pour connaître les lieux où mon travail se situe dans l’architecture du monde. 
Je ne sais pas où je vais mais je sais que je vais à la rencontre d’autre chose, qui perturbera mon champ visuel et qui, plus tard, dans l’atelier, nourrira le champ de la métamorphose et des réalités à transformer ».

« Quant à ce voyage en Chine, dont j’avais rêvé enfant, je l’ai vécu comme un face-à-face avec une civilisation, pour me confronter à un autre temps ; L’art moderne occidental a connu de grandes accélérations dans la succession des mouvements de l’avant-garde, mais aussi des révolutions trop rapidement avortées, si bien que depuis les années soixante on constate la reprise de tendances non abouties… il m’importe, au contraire, d’assumer mon propre temps, au temps non accéléré, non mystifié par les artifices et les caprices de la mode. En Chine, j’ai trouvé un temps ralenti, qui correspond au temps que je cherchais, au devenir de l’homme dans un devenir de l’art. Je n’ai pas fait un voyage reportage, je suis parti des formes primordiales d’une civilisation pour les mettre en rapport avec mes structures de composition. Je n’ai pas peint le paysage, les fleurs, les calligraphies, l’imagerie sociale et politique et toute autre quotidienneté puisqu’en France je ne le fais pas. Parce que je peins une emblématique, je travaille sur les signes que les autres peuples élaborent et si j’ai choisi de peindre des suites, que Roublev et Neruda, c’est bien parce que ces hommes signifient à eux seuls des civilisations. » Ladislas Kijno, 1985 (Le Cercle d’Art)


Tous nos coups de coeur