"La densité, dans toute sa splendeur, ne serait-elle pas nécessaire pour chercher à communiquer, comprendre, entendre l'espace" Eduardo Chillida (Questions, Daniel Lelong Editeur, 2001) Cet extrait éclaire l'oeuvre sculpté mais aussi graphique de l'artiste. Contrairement au peintre qui figure de faux espaces, Chillida travaille sur les limites du solide et du vide. Dans ses gravures en noir et blanc, le choix des aplats à l'aquatinte renvoie au volume, à la masse des matériaux utilisés par la sculpture (le fer, la pierre, le bois). Les blancs occupent un rôle tout aussi déterminant, et donnent une respiration à la composition stricte et claire. Les lignes, les angles, tels des labyrinthes, créent des tensions qui font écho aux marges démesurées, domptent la lumière et dégagent des forces internes. Le grain de l'aquatinte répond à celui du papier, le plein au vide. Sculpter le vide, sculpter avec le vide, sculpter autour du vide, cela nécessitait un état de communion totale avec la nature et les éléments. Percevoir avec le coeur. Chillida disait : "Je ne représente pas. J'interroge".
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