Sur une page de l'un des ses carnets, Georges Braque avait écrit : « Sans trêve, nous courrons après notre destin ». Il y a sans doute dans « l'oiseau de Braque » à la fois un voyage imaginaire et une représentation de sa propre vie intérieure ; à tire d'aile ou en planant, le peintre reviendra sans cesse sur ce thème, comme on revient fouiller encore et encore le lieu où l'on sait que se cache le seul trésor qui vaille. Solitaire, en couple ou en groupe, l'oiseau (ou Braque) semble se diriger vers un soleil philosophique qu'il est donné à chacun d'apercevoir un jour. L'artiste, lui, semble le regarder en face au quotidien de sa palette créative. Cou tendu, nuit et jour (« Vol de nuit » et « Oiseau bleu »), tranquillement, ne jamais le quitter des yeux pour se rapprocher de ce que d'aucun juge inaccessible! Si la vie virevolte dans l'immense maison des nuages, la ligne de la sérénité est droite comme un i.
Il y a une grande transparence dans l'art de Braque, une lumière à nulle autre pareille, une clarté concentrée et accomplie, à la fois essentielle et complexe. L'inventeur-Braque, celui du début du siècle dernier, suivra son chemin sur une voie à l'écart des autres, choisissant le silence et la liberté pour mieux faire chanter ses couleurs. Libre comme l'oiseau.
« De tous les animaux qui n'ont cessé d'habiter l'homme comme une arche vivante, l'Oiseau, à très longs cris, par son incitation au vol, fut seul à doter l'homme d'une audace nouvelle. » (Saint-John Perse. Extrait de « L'ordre des oiseaux ». Au Vent d'Arles, Paris, 1962).
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