Elle est debout, magnifique, telle une déesse irradiée de lumière, apparition dans la blancheur du papier. C’est Annette, l’épouse, l’amie, le principal modèle féminin de l’artiste depuis qu’il l’a rencontrée.
A partir des années 60, les dessins des nus et portraits de Giacometti flottent dans l’espace de la feuille, sans qu’aucune suggestion de paroi ou quelque élément de l’atelier ne limite l’espace autour du modèle. Cette tension vers le dépouillement révèle le chemin de l’artiste à rendre son sentiment de la fragilité de la vie et de l’impossibilité à “faire le tour” d’un être. Des séances de pose avec Annette, il disait : “Quand ma femme pose pour moi, au bout de trois jours, elle ne se ressemble plus. Je ne la reconnais absolument plus.” Jean Genet, l'ami dont il était si proche, décrit si justement ce rapport du dessin au vide qui l'entoure : “Les traits ne sont là qu’afin de donner forme et solidité aux blancs. Qu’on regarde bien : ce n’est pas le trait qui est élégant, c’est l’espace blanc contenu par lui. Ce n’est pas le trait qui est plein, c’est le blanc”.
L’artiste ne s’approprie pas son sujet, il tente de saisir sa vibration dans l’espace. La lumière du fond blanc “éblouit” les contours qui s’effacent. Et de ces entrelacs de lignes qui évoquent les volumes de ce corps, notre regard s’accroche au souffle de vie qui s’en émane, à l’incroyable présence de cette vie dans notre monde, et par là à notre condition humaine. Alberto Giacometti disait aussi : "Et l'aventure, la grande aventure, c'est de voir surgir quelque chose d'inconnu, chaque jour, dans le même visage. C'est plus grand que tous les voyages autour du monde".
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