En 1956, César a été frappé par la mort de Léo Valentin, surnommé
“l’homme-oiseau”, un Icare des temps modernes qui s’est tué lors d’un
saut en parachute durant un meeting aérien à Liverpool.
Dans l’usine de Villetaneuse, l’artiste développe alors une série de
personnages en fer soudé, prolongés d’une ou deux longues ailes,
évoquant les ailes de bois dont s’équipait le parachutiste pour
effectuer ses “chutes planées”.
Par leur parti pris frontal, ces sculptures marquent un tournant dans
l'oeuvre de l'artiste. Ce glissement de la figuration (la figure
humaine) vers l'abstraction (l'aile) annonce les plaques-reliefs et
enfin les compressions.
Le corps presque sans tête, comme soufflé par une déflagration, se
prolonge en une aile qui se définit comme un tableau abstrait. Dans ce
refus de la composition traditionnelle, César atteint là le sommet de
son langage. L’aile est montée comme un collage, où les éléments ne
perdent rien de leur identité tout en offrant une modulation rythmique
de la matière. La sculpture suggère le plumage des oiseaux, un
étendard, ou encore un tableau de N. de Staël.
Sur ce thème, trois sculptures furent réalisées en 1956, et neuf en
1957 (dont celle que nous vous présentons ce jour), trois en 1958 et
une dernière en 1959.
La série des hommages à Valentin s'achève en 1959 avec « L'homme de
Villetaneuse » que l'artiste présentera à l’Exposition Universelle de
Bruxelles, il y obtiendra la médaille d'argent.
Dès 1958, César avait signé un contrat d’exclusivité entre la Galerie
Claude Bernard et la Hanover Gallery de Londres, où les expositions se
succédaient. A Londres, les deux plus grands critiques d’art
contemporain le remarquent et le présentent dans la presse comme étant
le plus important sculpteur parisien de sa génération. Les personnages
ailés les fascinent, et un article de David Sylvester dans le New
Statesman relève très précisément ces ailes : “...Les surfaces
possèdent une texture aussi subtile qu’originale, comme en témoigne
plus particulièrement une série d’oeuvres figurant des fragments de
corps humain d’où jaillissent d’énormes ailes plates, dont la surface
évoque des Nicolas de Staël peints au couteau...”.
Pierre Restany souligne là une option stylistique nouvelle, le langage
de la quantité, l’expression quantitative du métal, sa poésie
organique, une présence immanente.
A propos des ailes, en 1989, Rénato Barilli, un des trois plus grands
critiques italiens, nous offre ce commentaire : « Cet homme ne vit pas
dans l’épaisseur, dans la masse du corps, mais il étale et étire sa
consistance matérielle en de longues lames, en cartilages sillonnés de
nervures, comme le fait la nature avec les ailes d’oiseaux,
l’épithélium des feuilles. Pourquoi ne pas parler d’ailes d’avion à
l’époque héroïque, lorsqu’elles se composaient d’une fine membrane
soutenue par un squelette léger et nerveux ? ...”
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