L'oeuvre de Giorgio Morandi repose essentiellement sur deux thèmes : les
natures mortes et les paysages. Une vie à interroger inlassablement ces
sujets au plus près de son quotidien, dans un périmètre on ne peut plus
restreint. Lui, qui ne voyageait jamais, bâtit l'ensemble de son oeuvre
dans son atelier de Bologne, et l'été, celui du village de Grizzana
distant d'à peine une quarantaine de kilomètres.
Face à une
époque impérieuse, qui s'enivre d'elle-même, il réinvente
miraculeusement le temps suspendu, la poésie picturale, l'éloge de la
lenteur, du repli intérieur, de la contemplation. Gustave Flaubert
disait : « Pour qu'une chose soit intéressante, il faut la regarder plus
de trois minutes ». L'artiste, lui, s'exprimait ainsi : « Ce qui compte
en peinture, c'est la manière dont chacun voit les choses, le reste ne
compte pas... Ce qui importe, c'est toucher le fond, l'essence des
choses ». Aller au delà de l'observation, éliminer, et éliminer encore
pour toucher le sensible, « l'essence des choses », l'intemporalité.
Les
compositions de fleurs, traitées comme des natures mortes de fleurs,
Giorgio Morandi les destinait à ses proches. Des cadeaux pour ses soeurs
et ses amis les plus chers. Des petits bouquets, souvent composés de
fleurs en soie aux couleurs fanées, achetées chez un artisan de sa rue.
Ces dessins, traités au crayon, nous touchent par leur simplicité, par
leur lumière douce et vibrante relevée par des ombres transversales. Un
miracle de dépouillement, d'intimité paisible. De ce voyageur immobile,
le poète néerlandais Joost Zwagerman écrit si joliment « Giorgio Morandi
a peint la disparition des choses et l'apparition du silence ».
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