Elisa Varini est née à Milan en 1975, où elle vit et travaille. Elle a suivi des cours de peinture à l'Académie des Beaux-Arts de Carrare et a immédiatement ressenti une grande attirance pour la gravure, à tel point qu'elle a obtenu une licence avec mention avec une recherche expérimentale sur la technique d'impression en couleur simultanée pratiquée à l'Atelier 17 en reproduisant 11 gravures en couleur du maître Stanley William Hayter.
Après une brève période d'expérience d'enseignement au National Print Museum de Dublin, elle est retournée à Milan. Elisa souhaitait y expérimenter toutes les possibilités qu'offrent les différentes matrices, notamment métalliques, en essayant de connaître le matériau dans sa globalité, à la recherche d'une amélioration technique continue et de nouvelles idées. Ainsi, en 2004, elle reprend le métier d'orfèvre graveur et maîtrise l'outil de gravure directe sur métal également utilisé par Hayter : le burin. Elle se rend compte qu'acquérir un authentique "savoir-faire", lui permettrait de façonner à sa guise, et que travailler au sein d' un atelier d’orfèvrerie pouvait lui donner une excellente expérience (Albrecht Durer et Martin Shongauer, par exemple, venaient tous deux de familles d'orfèvres et ont commencé à graver dans leurs propres ateliers.)
Parallèlement à cette évolution technique raffinée donnée par le métier, son histoire d'amour avec l'imprimerie se poursuit ; Elisa Varini rejoint le groupe des Jeunes Graveurs où elle dispose d'un atelier d'imprimerie et avec lequel elle participe à diverses expositions collectives dans la région de Milan et à des dossiers d'artistes ; elle enseigne le burin à l'Académie des Beaux-Arts de Brera à Milan et de Carrara à Bergame et à l'École des Arts Appliqués du Castello Sforzesco également à Milan. Ressentant le besoin de nouvelles stimulations, elle travaillera un temps (entre 2018 et 2019) à l'Atelier Contrepoint à Paris où les artistes Hector Saunier, Shu lin Chen, ont gardé et transmis l'héritage de l'Atelier 17 de Hayter ; ses recherches de jeunesse avec la seule aide des textes et l'expérimentation dans l'atelier ont ainsi été complétées par le témoignage de ceux qui avaient vécu et fréquenté l'Atelier où l'utilisation du burin est devenue un protagoniste et non plus seulement un narrateur. Pendant ces années, Elisa Varini séjournera sur la Côte d'Azur, où elle a eu l'occasion de travailler à l'Atelier du Safranier à Antibes. Les rencontres dans les galeries avec des œuvres de Hayter, Roger Patiel et Jim Monson lui donneront un sentiment de familiarité et créeront l'atmosphère parfaite pour exprimer un style auquel elle se sent proche, tout en conservant l'identité qui la distingue.
Elisa suit donc un parcours presque intemporel. Dans l'atelier d'orfèvrerie, elle veut apprendre les anciennes techniques de gravure et s'imprégner de leur expressivité gestuelle, mais elle cherche la contemporanéité dans une sorte de méditation dans l'action qui la fait s'immerger complètement dans la matière, " voyageant le long de la plaque comme si elle naviguait dans une mer, enlevant les boucles de métal comme les vagues sur la proue d'un bateau " ; la sévérité d'une discipline dure, à prédominance masculine, est interprétée avec une sagesse douce et féminine. Son immersion dans l'œuvre l'emmène dans un monde minuscule et intérieur où des lignes extrêmement fluides et délicates alternent avec la puissance du geste, où le métal est sillonné de lignes plus épaisses qui ne perdent pas leur élégance.
Tant dans les travaux au burin que dans les fonds colorés avec oxydations et morsures, il y a des histoires subtiles qui ne sont pas explicites, c'est la matière elle-même qui exprime et raconte ce que nous pourrions difficilement savoir, si ce n'est à travers notre partie inconsciente, en remontant aux formes archétypales ; les thèmes des liens familiaux et de l'amour sont racontés dans un devenir fluide, ces entrelacements ne sont pas des nœuds mais créent des connexions dynamiques entre les présences et contiennent dans leur forme toutes les nuances d'un devenir.
Nous sommes certains que ce sera un réel plaisir de découvrir son travail !