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Alberto Magnelli


Carte de nouvel an 1963, dessin

Galerie Michelle Champetier / Document en vente actuellement.

Alberto Magnelli est né en 1888 à Florence (Italie). Il apprend à peindre en autodidacte, ne fréquentant ni école, ni académie d’art, préférant les visites assidues de musées et d’églises. D’abord figuratif, jusqu’en 1914 environ, il peint des paysages, des personnages, des natures mortes. Après cette date, ses compositions deviennent . . . . .

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Valbonne le 4 février 2006

Il était mon voisin. J’étais très jeune. Nous nous saluions. Sans doute à mon accoutrement, il avait dû vite comprendre que je peignais et, ce voisin un peu indiscret jetait toujours un œil par mes fenêtres lorsqu’il passait devant ma maison. Il m’a invitée un jour à boire un café. J’ai fini par le connaître. Lorsqu’il m’a montré sa peinture, quand je l’ai rencontré au tout début, il m’a dit : « La peinture c’est comme les gens, c’est une histoire de peau, ça colle ou ça ne colle pas. ». A ce moment, je me souviens avoir été un peu déroutée par une telle pensée. Je comprends totalement aujourd’hui ce qu’il voulait dire. Nos relations étaient vraiment superbes. Il m’aidait, nous nous entendions. Lorsqu’il s’absentait, il prit l’habitude de me laisser la clef de sa maison et de son atelier. J’avais toujours les cheveux coiffés un peu n’importe comment ; un jour Magnelli, devant ce champ de bataille capillaire, m’a dit : « Ce n’est pas nécessaire de se distinguer ainsi, le peintre est un homme comme les autres ». Magnelli a été mon ami, peut-être mon plus grand ami. J’ai compris en Italie, c’était à Florence, longtemps après l’avoir connu, la grandeur de Magnelli. Avant ce voyage, je n’avais pas été capable de saisir toute cette grandeur. Magnelli était un géant. J’étais aussi très amie avec Vieira da Silva et Arpad Szenes, et Magnelli avait vraiment envie de connaître Vieira. En fait, je crois qu’il grillait d’envie de la connaître. J’ai organisé un déjeuner pour les faire se rencontrer. Pour faire plaisir à Magnelli, j’avais cuisiné du riz à l’italienne et voulant sans doute trop bien faire, j’avais vraiment forcé sur . . . le piment. Le riz était incroyable ! Pendant, quinze jours, chaque fois que Magnelli passait sous ma fenêtre, il émettait à mon intention un souffle bruyant comme si sa bouche lui brûlait encore. Vieira commençait à l’époque à être connue et, financièrement c’était évident, elle s’en était montré - je dois l’avouer -, beaucoup trop satisfaite ; en fait Magnelli avait été déçu par cette rencontre. Il ne me l’a jamais dit, mais je pense que Magnelli a vraiment souffert de ne pas être à la place qu’il méritait dans le monde de l’art, mais cela ne l’a pas empêché de ne jamais faire le moindre pas pour prendre cette place. Il en a souffert. C’était un homme intègre, d’une grande rigueur, un bloc d’intransigeance qui ne faisait pas de concession. Magnelli était parfois dur. Je faisais des décorations murales. Il avait été à la fois très bref et très sec en jugeant ma première réalisation. J’en avais souffert. Il était intervenu sur ma seconde décoration qui était en préparation très avancée dans mon atelier ; ça avait été un moment un peu exceptionnel, il avait rapidement mis sa touche de-ci de-là et, je dois le dire, le résultat était vraiment impressionnant et spectaculaire. Un jour, plus tard, où Magnelli regardait une toile noire que j’avais peinte - je lui avais chipé des choses, je le sais ! - il a dit : « Elle est très belle, j’aurais été content de l’avoir faite ». J’admirais Klee, pour Magnelli Klee n’était qu’un intimiste. C’est Magnelli qui m’a permis et aidé financièrement à bâtir un plus grand atelier. Il m’y a presque obligé, il n’a pas fait de calcul, il m’a avancé de l’argent, comme s’il le faisait pour sa propre fille. Je sais qu’il a aidé ainsi plusieurs artistes. Magnelli m’a épaulé moralement aussi, il était généreux. Sa femme m’a dit un jour que j’idéalisais Magnelli. Peut-être ? Sur sa tombe, Magnelli a fait inscrire : « Pintore italiano ». C’est magnifique, non ? Il est à Meudon.*** Maggy Kaiser, peintre, amie d’Alberto Magnelli