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Pierre Bonnard


Brouillon pour un discours

Collection Jacques Renoir / Ce document n'est pas à la vente.

Considéré comme l’un des plus grands peintres du XX° siècle, Pierre Bonnard est né en 1867 à Fontenay-aux-Roses, près de Paris. Il fait tout d’abord des études de droit, tout en fréquentant l’Académie Julian (1887-1889). Pierre Bonnard s’inscrit à l’Ecole des beaux-arts de Paris en 1888. Dès le début des années 90 . . . . .

Lire sa biographie
Nice, le 16 février 1947

. . . . (Hommage à Pierre Bonnard, « Derrière le miroir », n°2, 1947). . . . Paysan de la peinture, Bonnard aime la terre, mais il semble que ce soit cette luxuriance de l’âge d’or parce qu’il ne la cherche pas dans une tradition, assujettie au travail de l’homme, à ses habitudes, mais la voit comme s’il découvrait la vue, se dépassant et le dépassant de tous les côtés. « La vision de la nature, m’écrivit-il, c’est encore une belle source ». . . . Bonnard n’a fait que dire sa surprise inlassable que n’importe quoi est une fleur, que dans la nature la plus crue ou la plus domestique, il y a « un ordre de premier jet », et que toute chose exprime une interrogation, une aventure qu’il faut que l’homme étaye, greffe. . . . A force d’amour patient, Bonnard a réussi à ne pas lâcher ce que tenait ses doigts gourds. Il ne pouvait exprimer cette unité qu’en la faisant sienne, et je ne connais pas d’exemple d’une langue aussi totale. Il est mort de cette vie qu’il n’avait jamais pris la précaution d’émousser, brûlé comme un Parsi dans ce monde auquel il ne voulait pas la plus petite atténuation, ou « mise en place ». Dans les derniers jours il se plaignait du soleil vu à travers la vitre : « Il brûle tout » a-t-il dit. La seule comparaison qui me vienne pour le rôle promis à son œuvre, toute entière portée par la lumière, est celle de Cézanne. . . . Bonnard, peintre simplement humain et vibrant, homme apportant à tout homme qui l’a connu un élément de sa liberté. C’est entièrement rétif qu’il est parti, comme ce chat sauvage, tout hérissé et crachant, que crispe un de ses derniers dessins de son trait en fil de fer. J’imaginais qu’il était mort dans les premiers mimosas, mais, paraît-il, il a neigé au Cannet. Cependant, les mimosas ne vont pas tarder à accompagner de leur fleuve le peintre déjà presque momifié dans le silence, et lui à revivre dans la vie toujours plus audacieuse. Bonnard est mort en plein avenir.***Jacques Kober, poète, critique d’art, directeur-créateur des revues « Pierre à Feu » et « Derrière le Miroir » pour les Ed. Maeght.